Le nom de Marcel Dubé évoque à lui seul la dramaturgie québécoise des années 1950 aux années 1980, tant à la radio et à la télévision que sur scène. Avec plus de trois cents pièces répertoriées, ce prolifique auteur a témoigné du passage de la société canadienne-française, catholique et francophone à la société québécoise laïque et joualisante ; il a été un spectateur attentif et privilégié de la fin du duplessisme et du pouvoir de l’Église suivie par l’éclosion de la Révolution tranquille et de l’affirmation nationale. 

Connues et étudiées depuis plus de cinquante ans, ses pièces Zone, Florence, Au retour des oies blanches, Les beaux dimanches sont devenues des incontournables de notre littérature, que Marcel Dubé a largement contribué à bâtir. En jetant un regard horizontal sur son parcours artistique, on constate toutefois qu’il a été un écrivain polymorphe en créant, certes, des drames ouvriers et bourgeois, mais aussi des fictions narratives, de la poésie, de nombreux articles et carnets personnels, ainsi que plusieurs documents propres aux mandats, gouvernementaux ou privés, qui lui ont été confiés à partir des années 1980. 

Cette biographie raconte l’envers du décor : enfant du Faubourg à m’lasse éduqué au collège Sainte-Marie, Marcel Dubé est devenu écrivain de théâtre sans y chercher une carrière. Pourtant, il s’y consacrera corps et âme durant plus de trois décennies, devenant une personnalité publique bien en vue, notamment lauréat du prix Athanase-David en 1973. Il s’engagera également dans diverses organisations pour la défense des droits des écrivains, et en 1978 au Conseil de la langue française. 

Sa vie privée, sa santé fragile, ses rêves de cinéma sont autant d’aspects que le biographe présente pour la première fois et qui dépeignent un homme aussi attachant que déterminé, porteur d’une parole nouvelle, d’une sensibilité frémissante.