Exercices d’amitié

Prix indicatif : 25.95 $
Format : 14 x 21,6 cm
Nombre de pages : 280
ISBN : 9782760994539
Parution : 7 octobre 2015
Collection : Phares
Yvon Rivard

Exercices d’amitié

Essai littéraire québécois

RÉSUMÉ

L’écrivain qui nous a donné des essais qui ont marqué la littérature québécoise revient dans ce recueil sur ces amitiés qui ont ponctué et ponctuent encore sa vie.

Les amis d’Yvon Rivard, les œuvres et les êtres qu’il fréquente, ne se ressemblent pas tous, mais tous sont animés d’un même désir de vie et de vérité, qui les rapproche et les éloigne, tant il est vrai que la conscience est tendue entre des vérités contraires : poésie et prose, passé et avenir, croyance et incroyance, nature et culture, fini et infini. Cultiver l’amitié, c’est construire des ponts entre ces rives et s’y rencontrer en dehors de nous-mêmes, au milieu du monde qui jaillit de nous, entre nous. Dès que cesse ce mouvement qui permet aux amis de surmonter leurs désaccords, le monde commun, cohérent, que l’amitié crée, s’écroule dans la violence et le chaos des parties déconnectées du tout.

Que le romancier et essayiste s’attache à ses vieux amis disparus ou éloignés qu’il retrouve dans les plus jeunes, qu’il découvre des œuvres qui l’enracinent encore plus profondément dans l’héritage québécois de la pauvreté et le désir de « réparer le monde », ses Exercices d’amitié nous donnent à voir des jours plus clairs pour l’écrivain et ses lecteurs. Car, à travers ces figures familières, l’expérience du deuil s’ouvre sur la révélation « d’une vérité, d’un silence, qui leur répond enfin, les éclaire, les contient ». Ce sont autant de balises, de traces sur la neige, permettant à l’auteur de traverser sa vie comme d’autres traversent des ponts de glace. Comme si l’amitié nous redonnait ce que nous avons accepté de perdre, ce que nous aimons au risque de nous perdre…

« Toute l’œuvre d’Yvon Rivard, romans et essais confondus, nous rappelle cette vérité capitale : s’il n’y a pas, au-dessus de la littérature, quelque chose qui la justifie, elle est au mieux un divertissement et au pire une forme perfectionnée du mensonge. Cette idée, souterraine mais agissante dans ses romans, éclate au grand jour dans ses essais qui sont un long plaidoyer pour l’utilité de la littérature.

Il faut que la littérature serve, ce qu’il lui arrive de faire même lorsqu’elle ne « sert à rien », voilà une des idées défendues par Yvon Rivard tout au long de sa vie d’écrivain. La littérature doit servir, non pas une cause ou une idéologie, mais la vie elle-même, la vie gens, la vie des lecteurs, ses frères. Il rejoint en cela ses amis Pierre Vadeboncœur et Jean-Pierre Issenhuth, héritiers d’une longue lignée d’auteurs moralistes. Cela fait de lui, à notre époque de transgression obligatoire, un écrivain rare : un écrivain de la mesure, même lorsqu’il parle de l’infini.

Cette idée de mesure est devenue de nos jours synonyme de retrait, de ménagement, de prudence et c’est un grand malheur. Yvon Rivard nous rappelle que la mesure doit au contraire être un engagement, une exigence de tous les instants et qu’elle procède de l’attention, du soin et de la présence au monde, aux êtres et aux œuvres.

Exercices d’amitié porte la marque de cette attention, de ce soin. Yvon y met tout son art de lecteur, qui est grand, à nous présenter des œuvres d’amis, qui sont aussi des œuvres amies, pour qu’elles nous aident à vivre comme elles l’ont aidé lui. Il se dégage de ce livre une vraie tendresse. Il est émouvant de le voir poursuivre le dialogue avec ses amis disparus, avec Pierre Vadeboncœur et Jean-Pierre Issenhuth au premier chef. Nous ne sommes pas ici dans le regret et la déploration mais dans la gratitude : il sait ce qu’il doit à ces grands absents et il continue leur présence en continuant leur pensée.

Dans ses dialogues avec les vivants, Yvon exerce la même attention, la même tendresse. Je ne sais pas s’il est capable d’écrire sur un livre qu’il n’aime pas, mais en tout cas, il choisit de ne pas le faire, peut-être parce au fond que la vie est trop courte. Ce qui ne veut pas dire qu’il est incapable de critique, bien au contraire. Mais pour lui, la critique n’est pas le soupçon : il aime citer cette pensée de Niels Bohr : « le contraire d’une vérité profonde peut être une autre vérité profonde ». C’est dire à quel point il peut être attentif aux textes, aux personnes et aux idées : toujours, il cherche ce qu’il pourrait y trouver de vérité.

George Steiner a parlé de la courtoisie que le lecteur doit aux œuvres. Dans ce dernier recueil, Yvon Rivard, lui, entoure les œuvres de son amitié. Lui qui au dire de ses étudiants a été un si merveilleux professeur, il continue à nous montrer à lire et il nous rappelle que la lecture est avant tout un mouvement de l’âme. »

     Bernard Émond
     Présentation de Exercices d’amitié à la librairie Le Port de tête, 9 octobre 2015


NOTICE BIOGRAPHIQUE


Né en 1945 en Mauricie, Yvon Rivard est conseiller littéraire et cinématographique. Il a enseigné à l’Université McGill jusqu’en 2008, et a fait paraître plusieurs essais – L’imaginaire et le quotidien (1978), Le bout cassé de tous les chemins (1993 ; prix Gabrielle-Roy), Personne n’est une île (2006 ; prix Jean-Éthier-Blais),...