Oui, tout est comme d’habitude. On a tous l’air de la belle petite famille de cinéma. Papa aime maman, maman aime papa et tous les deux aiment tout autant leurs trois fils qui s’aiment les uns les autres. Papa enseigne, maman comptabilise, Sam fera un maudit bon avocat, Oli a toutes les chances de virer artiste avec la collection complète de dessins de monstres qu’il nous offre à tout bout de champ et moi, je… Moi, je… Je ne sais plus. Je voulais faire comme Samuel. Avocat, biochimiste, plombier ou barbier, n’importe quoi. En autant que ce soit comme Samuel. Pareil. 

Je ne crois pas que mon frère fera un maudit bon avocat. Je le pensais, moi aussi. Avant. Quand je voulais parler comme Sam. Marcher comme Sam. Respirer comme Sam. Quand je voulais être Sam. Mais plus maintenant. Pas depuis hier soir.

Linda Amyot poursuit avec brio son œuvre pour les adolescents, déployant son univers. Chacun de ses nouveaux romans fait écho au précédent ; on y retrouve la même justesse de ton, la même sensibilité avec lesquelles l’auteure raconte, sans tomber dans la complaisance, la réalité des jeunes.

Dans L’année où Sam a changé, elle dissèque le lien irremplaçable qui unit deux frères. Alors que le plus vieux, à la suite d’une peine amoureuse, s’entoure de nouveaux amis peu recommandables, le plus jeune, qui a toujours voulu ressembler à son aîné, soupçonne celui-ci d’être responsable de quelques larcins commis dans le quartier et commence à l’« espionner ». À travers les chapitres s’entremêlent l’admiration, la déception et la solidarité unissant les deux garçons devant leurs parents, qui eux sentent bien que quelque chose ne va pas, sans toutefois parvenir à élucider la cause du problème.