Le monde a-t-il fait la culbute ?
RÉSUMÉ
Le troisième et dernier volume de ces passionnantes correspondances croisées porte les traces de l’avancée en âge des épistoliers. Avec le temps est venue la notoriété pour ces personnalités maintenant bien connues du public. Jacques est absorbé par l’écriture de ses nombreux ouvrages ; Madeleine s’affirme comme auteure en plus de préparer, avec Robert, des études ethnologiques sur la Beauce ; la parution de chacun de leurs nouveaux titres constitue un événement littéraire ou social souligné par la presse. Bref, ils sont devenus des auteurs (Jacques et Madeleine surtout) avec qui il faut compter. Mais à bien des égards, pourtant, cette période est aussi jalonnée par un certain nombre de désillusions et de remises en question.
Sur le plan personnel, les années qui passent occasionnent leur lot de contrariétés : problèmes de santé plus ou moins graves, enfants qui causent des soucis, décès de proches – notamment Thérèse Ferron, la sœur cadette de Jacques et de Madeleine, meurt d’un cancer en 1968.
Sur le plan politique, la Révolution tranquille n’a pas entièrement rempli ses promesses. La lancinante « question nationale », présente en filigrane depuis les débuts de cette aventure, se résout sur une déception : pour Jacques et Madeleine, le rêve indépendantiste, après l’épisode douloureux de la crise d’Octobre 1970 et les espoirs que suscite l’élection du Parti québécois en 1975, s’éteint avec le référendum du 20 mai 1980. « Aurais-je vécu inutilement dans l’obsession d’un pays perdu ? » se demande cruellement le narrateur du conte Les deux lys.
Après la mort prématurée de Robert en 1978, Jacques et Madeleine vont poursuivre en tête-à-tête leur conversation douce-amère jusqu’au départ de Jacques, en mai 1985 ; Madeleine leur survivra jusqu’en 2010.
Cette étonnante famille, décidément, aura marqué son époque par des figures phares qui continuent d’inscrire dans l’histoire culturelle du Québec récent leur témoignage unique.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Né à Louiseville en 1921 et décédé à Saint-Lambert en 1985, Jacques Ferron était médecin, écrivain, dramaturge et homme politique. Il est l’auteur d’une oeuvre considérable comprenant notamment Le ciel de Québec, L’amélanchier et Les roses sauvages.