Le Québec n’est pas une île
RÉSUMÉ
Alors que le premier tome de ces correspondances (1946-1960) montrait de jeunes adultes en train de faire des choix professionnels et de fonder leur famille, le deuxième les révèle dans la force de l’âge et participant, chacun à sa manière, aux transformations profondes et rapides de la société québécoise. La vraie Révolution tranquille est ici à l’œuvre, à travers les discussions souvent véhémentes de ces trois figures immergées dans les débats de leur époque. Ils incarnent l’importance des « échanges nécessaires » entre la ville et la campagne. Ils lisent tout ce qui se publie et réagissent à l’actualité tumultueuse : Cuba, la décolonisation africaine, la guerre froide, les premières bombes du FLQ.
Jacques Ferron, résident de Ville Jacques-Cartier, fonde le parti Rhinocéros et achève son rapprochement avec les mouvements indépendantistes. L’année 1965 marque aussi le début de son grand intérêt pour l’histoire amérindienne, qui trouvera un de ses aboutissements dans l’écriture du Ciel de Québec.
Madeleine Ferron et Robert Cliche, toujours en Beauce, s’intéressent à l’ethnologie, se livrant à des observations sur le terrain en accomplissant un travail de collecte fasciné auprès de la population qui les entoure. Madeleine, partant de ce folklore, dérivera vers la fiction, tandis que Robert s’impliquera de plus en plus au NPD Québec, en devenant le chef en 1964.
Au fil des lettres, on voit grandir les enfants et défiler des personnalités en vue comme René Lévesque, Michel Chartrand, Pierre Elliott Trudeau et Thérèse Casgrain. Ce curieux réseau politico-familial, fait d’affection réelle et de fraternelles rivalités, donne à comprendre, dans sa spontanéité et son intelligence, les mouvements de fond qui ont favorisé l’éclosion de la Révolution tranquille.
NOTICE BIOGRAPHIQUE
Né à Louiseville en 1921 et décédé à Saint-Lambert en 1985, Jacques Ferron était médecin, écrivain, dramaturge et homme politique. Il est l’auteur d’une oeuvre considérable comprenant notamment Le ciel de Québec, L’amélanchier et Les roses sauvages.