L’autrice a été gestionnaire et intervenante dans un refuge pour hommes en situation d’itinérance de 2017 à 2021. Elle y a côtoyé la maladie physique et mentale, les ravages de la consommation d’alcool et de drogue, la violence parfois, la vulnérabilité beaucoup, des êtres cassés et des rêveurs surtout, dont les mensonges mettent aussi au jour leur quête d’espoir. Pendant ces quelques années, des centaines d’hommes ont demandé un lit et de quoi manger, sont partis, puis revenus. Plusieurs ont disparu.
Elle s’est heurtée à la lourdeur d’un système de santé en déclin, à une machine indifférente, à la mort. Au fil des confidences et des dévoilements abrupts, elle a consigné des notes, transcrit des dialogues, relevé des anecdotes. Ses courtes proses itinérantes sont ainsi composées comme un album photos : des images qui dépeignent un vaste univers, des portraits spontanés qui révèlent plus que la seule misère qu’ils semblent pourtant mettre en évidence. De ce carnet, elle n’a gardé que le plus éloquent. Forgé avec une justesse et une économie de mots, Un lourd manteau est ciselé comme une gemme. Troublant hommage à la parole de ces grands oubliés.